50 ans d’immigration en 50 secondes chrono

50 ans d’immigration en 50 secondes chrono

Depuis le 10 juin 2021, l’Insee met à la disposition de tous des séries longues et détaillées sur les populations immigrées et étrangères. Ces données, issues de plus de 50 années de recensements, sont composées des chiffres définitifs de 1968 à 2018 et des estimations pour 2019 et 2020. Cette note propose une exploration visuelle de l’histoire de l’immigration en France au cours des 50 dernières années à travers des animations de 50 secondes chrono.

Les principaux pays d’origine des immigrés : peu de changements dans la liste, mais une hiérarchie bouleversée

Figure 1 – Principaux payx d’origine des immigrés en France, 1968-2020

Note : de 1968 à 2005, les données entre deux recensements sont interpolées. Changement de nomenclature géographique en 2006.
Champ : personnes immigrées (nées étrangères à l’étranger). France métropolitaine de 1968 à 1990 ; France hors Mayotte de 1999 à 2013 ; France depuis 2014.
Source : Insee, base Saphir (1968 à 1999), recensements de la population (2006 à 2018) et estimations de population (2019-2020). Les données entre deux recensements sont interpolées.

Le nombre d’immigrés en France a augmenté de 3,2 millions en 1968 à 6,8 millions en 2020. Pris dans leur ensemble, les dix principaux pays d’origine des immigrés n’ont pas beaucoup changé au cours de cette période. Parmi eux, les trois pays d’Europe du Sud (Espagne, Italie et Portugal) et les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) sont restés sans discontinuer aux premières places. Leur classement relatif a cependant sensiblement évolué.

À la fin des années 1960, les immigrés présents en France étaient pour près de la moitié originaires d’Espagne et d’Italie, conséquence des flux migratoires en provenance de ces pays dans la première moitié du XXe siècle. Dès le début des années 1970, l’immigration portugaise prend très rapidement le pas sur les autres pays européens. Le Portugal devient le principal pays d’origine des immigrés en France durant plus de 20 ans, de la fin des années 1970 au début des années 2000.

Le nombre d’immigrés originaires des pays du Maghreb croît sensiblement au cours des années 1980 et 1990, jusqu’à ce que l’Algérie et le Maroc détrônent au tournant des années 2000 le Portugal et deviennent les deux premiers pays d’origine des immigrés. Si la proportion d’immigrés originaires d’Algérie et du Portugal est restée stable entre 1968 et 2020, celle du Maroc a été multipliée par quatre. L’immigration en provenance de Turquie est plus étalée dans le temps, avec deux vagues d’arrivées dans les années 1980 et 2000.

Enfin, divers pays européens se succèdent dans le bas de cette sélection au fil des décennies ; il s’agit soit de pays limitrophes de la France (Allemagne, Belgique, Royaume-Uni), soit de pays d’Europe de l’Est (Pologne et ex-Yougoslavie en début de période, Roumanie en fin de période).

L’origine des immigrés par grandes régions du monde : le Maghreb en tête en 2020, et un rééquilibrage entre les autres régions

Figure 2 – Régions d’origine des immigrés en France, 1968-2020

Note : de 1968 à 2005, les données entre deux recensements sont interpolées. Changement de nomenclature géographique en 2006.
Champ : personnes immigrées (nées étrangères à l’étranger). France métropolitaine de 1968 à 1990 ; France hors Mayotte de 1999 à 2013 ; France depuis 2014.
Source : Insee, base Saphir (1968 à 1999), recensements de la population (2006 à 2018) et estimations de population (2019-2020). Les données entre deux recensements sont interpolées.

Cette sélection des 10 principaux d’origine des immigrés est insuffisante pour décrire l’histoire récente de l’immigration en France. En particulier, alors qu’en 1968 près des trois quarts des immigrés étaient originaires des trois pays d’Europe du Sud et des trois pays du Maghreb , moins d’un immigré sur deux est originaire de ces deux régions du monde en 2020. Entre ces deux régions, la hiérarchie s’est par ailleurs inversée, les populations immigrées en provenance de chacune d’entre elles ayant suivi des dynamiques opposées.

D’autres pays ont pris le relais. D’une part, l’immigration en provenance des autres pays européens s’est développée, faisant désormais jeu égal avec les trois pays d’Europe du Sud. D’autre part, et surtout, de nouveaux flux migratoires ont émergé en provenance d’autres régions du monde, principalement le reste de l’Afrique et l’Asie. Ces deux régions représentent désormais une proportion équivalente de la population immigrée à celle de l’Espagne, de l’Italie et du Portugal ou des autres pays d’Europe, autour de 15 % chacune, contre 1 % à 2 % seulement en 1968.

Un grand mouvement de diversification des origines

Figure 3 – Répartition des immigrés selon le pays d’origine en 1968-2020

Champ : Personnes immigrées (nées étrangères à l’étranger). France métropolitaine en 1968; France en 2020.
Source : Insee, base Saphir (1968) et estimations de population (2020).

Depuis 50 ans, l’immigration s’est fortement transformée, en dépit de la relative stabilité des principaux pays d’origine des immigrés, et de la recomposition au bénéfice de nouvelles régions du monde – le reste de l’Europe, le reste de l’Afrique et l’Asie (à l’exception de la Turquie). Autrefois alimentée par quelques pays seulement, avec lesquels la France entretenait des liens historiques, l’immigration est désormais beaucoup plus variée dans ses origines, sans que ne se distinguent aussi fortement que par le passé des pays particuliers.

Cette évolution s’est également accompagnée d’une diversification des profils sociodémographiques des immigrés, des métiers qu’ils occupent, de leur âge, de leur niveau d’éducation ou encore des motifs de leur venue en France. Mais pour explorer tout cela, il faudrait bien plus que 50 secondes… Si vous avez le temps, consultez notre Essentiel sur l’immigration.

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