Prix de l’énergie : carburants, gaz, électricité, un tiercé en hausse

Prix de l’énergie : carburants, gaz, électricité, un tiercé en hausse

Les carburants sont volatils et le gaz flambe. Ces caractéristiques servent autant à décrire ces combustibles que leurs prix. En 2008 et en 2018, les prix de l’énergie se sont envolés, dans les mêmes proportions qu’aujourd’hui. Puis ils se sont repliés, en juillet 2009 ou en mai 2020. Il reste que, sur le long terme, l’énergie coûte de plus en plus cher.

Entre novembre 2020 et novembre 2021, les prix ont augmenté de 2,8 %. C’est le niveau d’inflation le plus élevé depuis 2008. Un peu plus de la moitié de cette augmentation est le fait des produits énergétiques. Leurs prix se sont envolés : + 21,6 % sur un an en novembre 2021.

La hausse récente des prix de l’énergie n’est pourtant pas exceptionnelle. Petit voyage au cœur des prix depuis 30 ans.

Des prix très volatils, depuis longtemps

L’Insee suit un grand nombre de produits pour calculer l’indice des prix à la consommation (IPC) : plus de 80 millions de prix sont collectés chaque mois pour près de 1700 types de produits. Ces relevés de prix sont agrégés à un niveau très détaillé de la nomenclature, soit 257 postes. Pour chacun de ces postes, l’Insee diffuse des séries qui permettent de suivre l’évolution des prix sur longue période, depuis 1990. Chacun de ces postes est calculé « toutes taxes comprises ». L’IPC s’approche ainsi au plus près de l’évolution des prix payés par les ménages et ne tient pas compte des aides telles que le chèque énergie ou l’indemnité inflation récemment annoncée. Pour l’énergie, les taxes ainsi prises en compte sont : la TVA, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) qui s’applique aux carburants et au fioul, la taxe intérieure de consommation sur le gaz naturel (TICGN), la contribution au service public de l’électricité (CSPE), etc.

Une première caractéristique des prix de l’énergie est leur forte volatilité. C’est le cas également pour les produits frais, fruits et légumes en particulier, dont les prix varient beaucoup selon les saisons. Mais ces produits pèsent trois fois moins que l’énergie dans le budget des ménages (2,6 %).

Depuis les années 1990, les prix de l’énergie alternent hausses et baisses sur un an, et souvent de façon très marquée (figure 1). Les récents mouvements n’ont donc rien de nouveau. La hausse des prix des produits énergétiques est actuellement au plus haut depuis près de 30 ans. Mais elle n’est pas d’une ampleur exceptionnelle : elle est du même ordre de grandeur que les hausses des années 2000, 2008 ou 2018. Les baisses ont également souvent été fortes : – 18 % en juillet 2009 ou encore – 11 % en mai 2020.

Figure 1 – Indice des prix à la consommation : énergie et ensemble des produits

Source : Insee.

Les ménages consomment principalement des carburants et de l’électricité. En 2019, les carburants représentaient 45 % des dépenses des ménages en énergie au sens de l’indice des prix, l’électricité 31 %. Le quart restant se répartissait entre le gaz de ville (12 %), les combustibles liquides (fioul, 8 %), les hydrocarbures liquéfiés (bouteilles de gaz, propane en citerne) et les combustibles solides (2 % chacun). Ces proportions ont évolué depuis la crise sanitaire : la consommation d’énergie liée au transport a baissé avec les restrictions de déplacement et les prix ont évolué.

Ce sont les prix des carburants et du gaz qui sont les plus volatils. Ils sont très liés au prix du baril de pétrole. Tout automobiliste l’aura remarqué : le prix des carburants à la pompe suit, de manière amortie, les évolutions du prix du baril en euros (figure 2). Les pics des prix des carburants à la pompe correspondent toujours à des pics du prix du baril de pétrole. Le rebond du prix du pétrole qui a accompagné la reprise économique en 2021 a de fait provoqué celui du prix des carburants.

Figure 2 – Prix du pétrole en euros et prix à la consommation : essence, gazole, gaz naturel et gaz de ville

Prix du pétrole en euros et prix à la consommation : essence, gazole, gaz naturel et gaz de ville
Source : Insee.

Le prix du gaz au plus haut

En plus d’être volatils, les prix des énergies sont aussi parmi ceux qui ont le plus augmenté sur longue période. Depuis 1990, les prix à la consommation, tous produits confondus, ont été multipliés par 1,6 (figure 3). Les prix de l’énergie ont été multipliés par 2,5 dans le même temps. Pendant que l’électricité augmentait comme l’inflation (x 1,7), les carburants (x 2,6), le gaz naturel et le fioul (x 3,2), et les hydrocarbures liquéfiés (x 4,2) s’envolaient.

Le poids de la facture d’énergie dans le budget des ménages est donc fluctuant. Pourtant, il est resté relativement stable depuis 30 ans, entre 7 % et 9 % du champ de l’indice des prix. Certes, les prix de l’énergie ont augmenté plus vite que l’inflation d’ensemble mais les autres dépenses ont également augmenté et les performances énergétiques des logements et des équipements s’améliorent (chauffages et véhicules).

Figure 3 – Prix à la consommation d’ensemble et prix des énergies

Prix à la consommation d'ensemble et prix des énergies
Source : Insee.

L’évolution récente du prix du gaz est la plus singulière : alors que le prix du gaz suit sensiblement celui des carburants sur longue période, il a flambé très fortement ces derniers mois, dépassant très largement son précédent maximum historique.

Le prix des carburants est lui aussi au plus haut. Mais il ne dépasse pas de beaucoup les pics atteints par le passé, en 2012, en 2018 et même déjà en 2008. En octobre 2021, le cours du pétrole en euros s’est élevé à un haut niveau : 72 € le baril de Brent importé. Mais il est loin du record historique de 94 € en mars 2012.

Ainsi, c’est la conjonction des deux phénomènes, flambée du prix du gaz et carburants au plus haut, qui a poussé les prix de l’énergie dans leur ensemble vers un sommet.

Le prix de l’électricité en forte hausse sur 10 ans

Sur les 10 dernières années, juste derrière le gaz du fait de sa flambée récente, c’est l’électricité qui a le plus augmenté, de manière progressive au fil des ans (figure 4). Après être resté quasiment stable jusqu’aux années 2000, le prix de l’électricité s’est fortement accru : + 44 % depuis novembre 2011. Une hausse qui englobe l’abonnement et la consommation, tous les tarifs, réglementé et non réglementé, étant pris en compte pour retracer les achats des ménages. L’électricité s’est donc renchérie de 3,7 % par an en moyenne, très au-delà de l’inflation d’ensemble.

Figure 4 – Prix des carburants, du gaz et de l’électricité depuis 2010

Prix des carburants, du gaz et de l'électricité depuis 2010
Source : Insee.

Sur la dernière décennie, la hausse des prix de l’électricité est donc presque aussi forte que celle du prix du gaz, et bien plus forte que celle des carburants. Toutefois, le prix de l’électricité reste à un niveau modéré en France par rapport à nos voisins européens. Au 1er semestre 2021, les ménages français payaient en moyenne 0,1933 € par KWh dans la tranche de consommation de 2 500 à 5 000 KWh, soit 39 % de moins qu’en Allemagne, 17 % de moins qu’en Espagne et 14 % de moins qu’en Italie (source : Eurostat).

Les prix de l’énergie vont-ils continuer de tirer l’inflation à la hausse ? Le statisticien n’a pas de boule de cristal. Mais il produit, chaque mois, des données qui permettent de comparer la situation courante aux évolutions sur longue période. On peut ainsi se faire une idée précise des mouvements des prix des différentes énergies, mettre en perspective les soubresauts des marchés et, plus largement, apprécier l’importance des politiques énergétiques pour l’économie et les conditions de vie des ménages.

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