Combien d’entreprises sont réellement actives en France ?

Combien d’entreprises sont réellement actives en France ?

Lorsqu’on veut dénombrer les entreprises en France, plusieurs questions se posent : qu’entend-on par entreprise ? Se restreint-on à certains secteurs d’activité, à certains types d’entreprises, aux seules entreprises actives économiquement ? Pour savoir si une entreprise est économiquement active une année donnée, la statistique publique s’appuie sur plusieurs types d’informations collectées (génération d’un chiffre d’affaires, existence de salariés…). Dans la dynamique démographique des entreprises, il convient également d’isoler les « vraies » créations et cessations d’entreprises, au sens économique du terme, qui correspondent à la mise en œuvre de nouveaux moyens de production ou à leur disparition.

En 2022, 8,9 millions d’unités légales sont enregistrées dans le répertoire Sirene dans les secteurs de l’industrie, de la construction, du commerce et des services. Parmi elles, 5,5 millions sont considérées comme économiquement actives : 2,5 millions sont des sociétés, 1,8 million des micro-entrepreneurs et les 1,2 million restant sont des entreprises individuelles. 1,4 million d’entreprises sont employeuses, c’est-à-dire ont au moins un salarié : c’est le cas de 150 000 entreprises individuelles et de 1,25 million de sociétés. Le nombre d’entreprises économiquement actives a fortement augmenté entre 2014 et 2022, passant de 3,9 à 5,5 millions. Cela s’explique par le nombre de micro-entrepreneurs qui a plus que doublé sur la période, pendant que le nombre de sociétés augmentait de 36 % et que le nombre d’entreprises individuelles diminuait de 8 %.


L’entreprise, l’entrepreneur sont associés à la vitalité économique, à la production de richesse, à l’innovation, ou encore à la création d’emplois. C’est pourquoi il est naturel de vouloir répondre à la question, simple en apparence : « combien d’entreprises y a-t-il en France ? », même si le terme d’entreprise peut recouvrir des réalités très différentes, de l’entrepreneur individuel à la multinationale en passant par les petites et moyennes entreprises (PME) et les très petites entreprises (TPE).

La démographie des entreprises cherche à répondre à cette question, plus complexe qu’elle ne paraît au premier abord. Elle nécessite de répondre successivement à trois questions. Il faut en effet d’abord définir ce que l’on compte : qu’entend-on par entreprise [Insee, 2024] ? Ensuite, quel est notre champ d’intérêt, en termes de secteur d’activité et de type de production ? Enfin, il faut pouvoir se restreindre à des entreprises qui sont véritablement actives.

Entreprise : que cherche-t-on à compter ?

Tout le monde connaît le mot « entreprise » et l’emploie au quotidien. En revanche, il n’y a pas de définition unique et partagée de l’entreprise.

Sirene, le Système national d’identification et du répertoire des entreprises et de leurs établissements, est un bon point de départ, parce qu’il est un répertoire administratif de référence. Il définit une entreprise comme une « unité économique, juridiquement autonome dont la fonction principale est de produire des biens ou des services pour le marché ». Ce répertoire attribue depuis les années 1970 à toutes les unités légales en France un identifiant unique à 9 chiffres, le Siren. Une unité légale peut être une personne physique (entrepreneur individuel, micro-entrepreneur) ou morale (société, association…), de droit public ou privé. Par exemple, l’Insee lui-même y est répertorié : son numéro Siren est 120 027 016. Les données de ce répertoire sont publiques.

Ainsi, malgré sa dénomination, Sirene ne dénombre pas que des entreprises mais des unités légales. Certaines de ces entités ne sont pas considérées comme étant des entreprises, par exemple des associations et les organismes publics y sont également immatriculés.

Par ailleurs, la statistique publique distingue l’entreprise au sens juridique du terme, autrement dit l’unité légale enregistrée dans Sirene, de l’entreprise au sens économique du terme [Dussud, 2021]. C’est cette dernière qui fait sens par exemple si l’on souhaite la classer parmi les TPE, PME ou les grandes entreprises ; la définir conduit dans de nombreux cas à regrouper plusieurs unités légales pour établir son véritable contour.

Cependant, en pratique, les statistiques sur la démographie des entreprises, en particulier les créations d’entreprises, sont diffusées à un niveau « unité légale » sur le site de l’Insee. C’est pourquoi, même s’il existe une nuance entre ces notions d’unité légale et d’entreprise  au sens économique, par abus de langage et par souci de simplicité, les termes « entreprise » et « unité légale » seront indifféremment employés dans la suite de cet article pour désigner les entreprises au sens juridique du terme.

Le champ de la statistique d’entreprises

Sirene couvrant un champ trop large pour les besoins de la statistique d’entreprises, la première étape consiste à définir le contour de ce qui nous intéresse. Si pour certaines unités légales il est évident que l’on souhaite les inclure (entreprises privées) ou les exclure (organismes publics, associations), pour certaines à la limite entre les deux, cela peut être moins immédiat (organismes privés mais avec des financements publics, associations avec une activité marchande…). La définition d’un contour précis, établi sur un plan conceptuel indépendamment des évolutions législatives, permet de savoir de quoi on parle exactement et d’assurer une comparabilité temporelle et géographique.

Le champ de la statistique d’entreprises est ainsi défini au niveau européen depuis 2021, dans un règlement mettant en cohérence des domaines autrefois séparés :
     • Des statistiques conjoncturelles (ou infra annuelles), comme le suivi mensuel des créations d’entreprises.
     • Des statistiques structurelles (ou annuelles), comme la démographie structurelle des entreprises, sujet de ce billet de blog et qui donne chaque année le nombre d’entreprises actives.

Selon ce règlement, la statistique des entreprises couvre l’ensemble des unités productives marchandes des secteurs de l’industrie, de la construction, du commerce et des services :
     • Une entreprise est considérée comme productive marchande si elle participe au système productif pour produire des biens et services destinés à être écoulés sur un marché, directement ou par mise à disposition de moyens de production. La majeure partie de sa production doit être marchande, c’est-à-dire être produite pour être vendue à un prix économiquement significatif : le produit de ses ventes doit couvrir au moins 50 % de ses coûts de production. Une association par exemple est de ce fait en général non marchande.
     • Sont exclus le secteur agricole, traité séparément dans les statistiques européennes notamment en lien avec la politique agricole commune (PAC), et les administrations publiques qui ne sont pas productives marchandes.
     • Enfin, on ne considère ici que les unités françaises.

De nombreuses entreprises qui ne sont pas productives marchandes au sens du règlement européen sont immatriculées au répertoire Sirene, pour remplir des obligations administratives ou fiscales. Par exemple, les sociétés civiles immobilières familiales et les loueurs de meublés non professionnels sont considérés non productifs, même si certains d’entre eux louent leurs actifs immobiliers et ont ainsi une activité marchande au sens de la comptabilité nationale. Ces unités légales sont exclues du champ de la statistique d’entreprises.

En 2022, dernière année pour laquelle les données de démographie structurelle d’entreprises sont aujourd’hui disponibles, le répertoire Sirene compte 13,7 millions d’unités légales actives, c’est-à-dire non cessées administrativement. Parmi elles, 8,9 millions sont dans le champ sectoriel de la démographie d’entreprises au sens où elles sont productives marchandes et non agricoles (figure 1). Il convient en effet de retirer 1,1 million d’unités légales qui sont hors du champ sectoriel et géographique (dont 800 000 unités légales agricoles et 200 000 unités légales étrangères), ainsi que 3,8 millions d’unités légales non productives ou non marchandes au sens du règlement (dont 2,6 millions d’unités légales qui ont une activité de location de logements, terrains et autres biens immobiliers et 1 million d’associations).

Figure 1 – En 2022, 5,5 millions d’unités légales ont une activité économique dans le champ de l’industrie, la construction, le commerce et les services

En 2022, 5,5 millions d’unités légales ont une activité économique dans le champ de l’industrie, la construction, le commerce et les services
Note : les chiffres étant arrondis à la centaine de milliers la plus proche, leur somme peut différer du total.
Champ : France, unités légales immatriculées dans Sirene.
Sources : Sirene, Si
rus, SIDE.

Mesure de l’activité économique

Ces 8,9 millions d’unités légales présentes dans Sirene peuvent être appelées des « entreprises » : on les nommera ainsi dans la suite. Pour autant Sirene étant un répertoire administratif, il ne garantit pas que les entreprises qui y sont recensées aient une réelle activité économique : une entreprise peut arrêter son activité sans le signaler, si bien que cette information n’est pas connue de Sirene ; elle peut aussi s’immatriculer sans jamais réellement démarrer. En outre, les démarches de liquidation juridique prennent parfois beaucoup de temps, si bien que l’écart entre la fin réelle de l’activité économique d’une entreprise et sa notification administrative enregistrée dans Sirene peut se chiffrer en années. Or, on souhaite exclure ces unités des entreprises actives bien avant la notification administrative. C’est pourquoi il convient de définir la notion d’« activité économique » sur le plan statistique et d’identifier des critères permettant de la mesurer en pratique.

Le règlement européen EBS (European Business Statistics) donne la définition d’une entreprise active pour les statistiques d’entreprises : « Une unité statistique est considérée comme ayant été active pendant la période de référence si, au cours de ladite période, elle a soit réalisé un chiffre d’affaires net positif, soit produit des extrants, soit employé des salariés, soit effectué des investissements. » Il ajoute que « la détention directe ou indirecte d’unités légales actives » est également un critère d’activité pour une unité.

Cette définition fournit ainsi un certain nombre de critères opérants pour classer une entreprise comme économiquement active au cours d’une année. En pratique, différentes sources de gestion administrative sont mobilisées afin de déterminer si une entreprise présente dans Sirene vérifie un de ces critères :
     • on mobilise le chiffre d’affaires issu des déclarations TVA mensuelles et trimestrielles (ICA), celui des micro-entrepreneurs déclaré à l’Urssaf ou la déclaration d’une liasse fiscale à la Direction générale des finances publiques (DGFiP) pour s’assurer de la réalisation d’un chiffre d’affaires positif ;
     • l’emploi ou non de salariés est vérifié dans le fichier Flores issu des déclarations sociales nominatives (DSN) ;
     • aucune source ne permet de mesurer la réalisation d’investissements en elle-même, mais il est supposé qu’en cas d’investissement, une liasse fiscale, équivalent de la déclaration d’impôt pour les entreprises, sera délivrée : la présence d’une liasse fiscale est donc utilisée comme mesure approchée ;
     • la détention d’une entreprise elle-même économiquement active s’appuie sur des informations fournies par la Banque de France et la DGFiP.

Certaines de ces sources sont disponibles dans des délais assez longs et les données structurelles sur la démographie d’entreprises sont donc souvent un peu datées : dans la suite, les chiffres commentés porteront sur l’année 2022. Des travaux sont en cours pour mesurer une activité économique plus récente, notamment afin de construire des données infra-annuelles, fiables sur le plan statistique, de créations et de cessations d’entreprises économiquement actives – aujourd’hui, l’Insee ne publie que des données mensuelles de créations d’entreprises, au sens de flux d’immatriculations dans Sirene. Pour déterminer le caractère économiquement actif, ces nouvelles séries mobiliseront les informations de gestion administrative disponibles mensuellement ou trimestriellement (déclarations TVA, emploi), – certaines autres informations utiles (liasses fiscales par exemple) n’étant disponibles qu’annuellement. Elles ne permettront donc d’avoir qu’une couverture partielle des entreprises.

Au final, en 2022, sur les 8,9 millions d’entreprises qui se trouvent dans le champ de la statistique d’entreprises dans Sirene, on détecte une activité économique en 2022 selon ces critères (présence dans au moins une des sources présentées précédemment) pour 5,5 millions d’entre elles. Au 31 décembre 2022, 1,4 million d’entreprises ont au moins un salarié en France. Parmi celles-ci, 150 000 sont des entrepreneurs individuels, le reste des sociétés.

Des hausses de nombre d’entreprises actives très variables selon le type d’entreprises et le secteur d’activité

Ce nombre d’entreprises économiquement actives a augmenté de 42 % par rapport à 2014 (figure 2). Cette forte évolution masque de grandes disparités selon le type d’entreprises. Elle est en effet portée pour l’essentiel par les micro-entrepreneurs, qui expliquent les deux tiers de cette hausse et sont 1,8 million à être économiquement actifs en 2022 [Morello, 2025]. Avec des modalités de création et une fiscalité simplifiées, ce statut est de plus en plus privilégié par rapport au régime d’entreprise individuelle classique. On compte par ailleurs 2,5 millions de sociétés économiquement actives en 2022, soit 36 % de plus qu’en 2014. Les 1,2 million qui restent sont des entreprises individuelles économiquement actives, en baisse de 8 % par rapport à 2014.

Figure 2 – Nombre d’unités légales économiquement actives en France de 2014 à 2022

Nombre d’unités légales économiquement actives en France de 2014 à 2022
Lecture : en 2022, 2 550 000 sociétés sont des unités légales économiquement actives.
Champ : France, unités légales productives et marchandes dans les secteurs de l’industrie, de la construction, du commerce et des services.
Source : Insee, Système d’information sur la démographie d’entreprises (SIDE).

L’augmentation du nombre d’entreprises économiquement actives entre 2014 et 2022 ne concerne pas non plus de la même façon tous les secteurs d’activité. Elle est particulièrement forte (+112 %) dans le secteur du transport et entreposage, avec le développement des activités de livraisons à domicile, ainsi que dans l’information et communication et les services aux entreprises. Elle l’est moins dans les secteurs de la construction et du commerce (respectivement +24 % et +16 %).

Comment expliquer l’évolution du nombre d’entreprises

Depuis longtemps, l’Insee publie chaque année le nombre de créations d’entreprises au sens de l’immatriculation dans Sirene. Le nombre total d’entreprises était également publié. Cependant ces effectifs n’avaient que peu de sens sur le plan économique, car ils ne reposaient que sur l’activité au sens administratif dans le répertoire Sirene, c’est-à-dire sur le fait que Sirene n’avait pas reçu de notification qu’une liquidation était intervenue. La première publication des effectifs d’entreprises économiquement actives, portant sur les années 2014 à 2021, est parue en 2024.

Les données reposant sur l’activité au sens administratif ne permettaient pas d’interpréter l’évolution de la démographie d’entreprises d’un point de vue économique. Des entreprises peuvent en effet être immatriculées dans Sirene au cours d’une année et ne pas avoir de réelle activité lors de cette année. De plus, il n’y avait pas de données fiables sur les cessations d’entreprises. Il était possible de déduire le nombre de cessations dans Sirene au cours d’une année à partir des effectifs de l’année en cours et de celle qui précède, mais de telles cessations pouvaient en réalité correspondre à des arrêts d’activité économique plusieurs années auparavant.

Désormais, la définition de l’activité économique permet d’identifier année par année les entreprises qui deviennent économiquement actives au cours d’une année (appelées entrées) et les entreprises qui cessent de l’être au cours d’une année (appelées sorties). Ces entrées et sorties peuvent correspondre à de multiples phénomènes et il est complexe de les distinguer les uns des autres. L’objectif in fine est d’isoler les « vraies » créations et cessations économiques, qui correspondent à la mise en œuvre de nouveaux moyens de production ou à leur disparition. Il faut pour cela tenir compte de certaines caractéristiques de ces entrées et sorties une année donnée :

     • Les créations et cessations par reprise : cela peut correspondre simplement à la reprise par une entreprise de toute ou partie de l’activité d’une autre entreprise (cette dernière cessant souvent sa propre activité par la même occasion). Plus généralement, au sein de grands groupes, des restructurations peuvent mener à la création (scission d’une unité en plusieurs) ou à la cessation de multiples unités légales (absorption d’une ou plusieurs unités par une autre), sans qu’en réalité l’activité sous-jacente soit vraiment modifiée. On en compte entre 20 000 et 30 000 par an.
     • Les désactivations et réactivations : certaines entreprises peuvent arrêter leur activité momentanément et la reprendre plus tard, or on ne souhaite pas compter leur réactivation comme une mise en œuvre de nouveaux moyens de production. En décomptant toutes les entreprises qui ont un signe d’activité au cours d’une année civile, pas de signe d’activité l’année suivante (désactivation), mais ont un nouveau signe d’activité deux ans après (réactivation), on isole entre 30 000 et 60 000 entreprises par an, avec un pic à 80 000 en 2020 à l’occasion de la crise sanitaire.
     • Les entrées et sorties de champ : on a défini plus haut le champ de la statistique d’entreprises. On ne souhaite pas compter comme création économique l’entrée d’une entreprise dans ce champ, alors qu’elle était déjà potentiellement active (par exemple une entreprise qui passe du secteur agricole au secteur agro-alimentaire). On en compte moins de 10 000 par an.

D’importants travaux mobilisant différentes sources ont été menés afin de réussir à capter les phénomènes définis ci-dessus. Cela a permis, pour la première fois en 2025, de publier des équations démographiques, permettant de mieux comprendre ce que recouvre l’évolution du nombre d’entreprises économiquement actives d’une année sur l’autre.

L’équation démographique relie les stocks d’entreprises économiquement actives sur deux années consécutives par la relation :

Effectif N =Effectif N−1− Sorties N−1+ Entrées N

Avec :
     • Effectif N : le nombre d’entreprises économiquement actives au cours de l’année N ;
     • Sorties N−1 : le nombre d’entreprises économiquement actives au cours de l’année N-1 qui ne le sont plus l’année N ;
     • Entrées N : le nombre d’entreprises économiquement actives au cours de l’année N et qui ne l’étaient pas au cours de l’année N-1.

Les entrées de cette équation incluent les créations économiques, les réactivations d’entreprises, les créations par reprise et les entrées de champ. Symétriquement, les sorties incluent les cessations économiques, les désactivations, les cessations par reprise et les sorties de champ.

L’application de cette équation sur l’année 2022 donne les résultats suivants :

Effectif 2022 =Effectif 2021− Sorties 2021+ Entrées 2022
5,53 millions =5,27 millions580 000+ 840 000

On peut distinguer, au sein des entrées et sorties de stock, les créations et cessations économiques :

Effectif 2022 =Effectif 2021− Cessations économiques 2021+ Créations économiques 2022
‍‍‍‍ 5,53 millions =5,27 millions480 000+ 740 000

− Autres sorties 2021+ Autres entrées 2022

100 000+ 100 000

Les entrées de stock sont bien à distinguer des chiffres obtenus dans le cadre du suivi conjoncturel des immatriculations dans le répertoire Sirene, que l’on appelle par raccourci « créations d’entreprises » : rappelons en effet que l’immatriculation dans Sirene ne se traduit pas nécessairement par une activité économique, celle-ci pouvant débuter dès l’immatriculation ou l’année suivante, ou ne jamais commencer. Moins pertinent pour l’analyse économique car perturbé par ces créations sans effet, cet indicateur a cependant l’avantage d’arriver très rapidement et de permettre un suivi infra-annuel. Ainsi, en 2022, 1,1 million de nouvelles entreprises se sont immatriculées dans le répertoire Sirene [Hofstetter, 2023] : parmi elles, 510 000 ont été économiquement actives dans l’année. 230 000 entreprises immatriculées les années précédentes, mais n’ayant pas démarré leur activité immédiatement, s’additionnent à celles-ci pour former les 740 000 créations économiques de l’année 2022.

En 2015, il y avait eu 450 000 créations économiques : celles-ci ont donc augmenté de 69 % entre 2015 et 2022. En parallèle, le nombre de cessations économiques est en hausse de 39 %. Sur toute la période, le nombre de créations économiques est resté supérieur à celui des cessations économiques : le nombre d’unités légales actives a donc augmenté chaque année.

Il est dorénavant également possible de calculer des taux de créations ou de cessations économiques en divisant le nombre de créations ou de cessations économiques par le nombre d’entreprises économiquement actives. Des taux de créations et de cessations économiques élevés signalent un fort renouvellement de la population des entreprises : les micro-entrepreneurs sont ainsi une population qui se renouvelle fortement (figure 3). À l’opposé, les sociétés sont en général beaucoup plus stables. Le secteur de la santé humaine et action sociale se démarque par un renouvellement particulièrement faible.

Figure 3 – Quelques taux de créations et de cessations moyen sur le passé récent

Quelques taux de créations et de cessations moyen sur le passé récent
Lecture : le taux de créations économiques moyen des micro-entrepreneurs est de 27,6 % sur la période 2015-2022.
Champ : France, unités légales productives et marchandes dans les secteurs de l’industrie, de la construction, du commerce et des services.
Source : SIDE, Insee.

Ainsi, la démographie d’entreprises permet de mesurer le dynamisme démographique par secteur et type d’entreprises, ainsi que le renouvellement d’entreprises, grâce aux taux de créations et de cessations. Cependant, ces concepts ne sont pas adaptés pour bien mesurer les évolutions de l’activité économique ou de l’emploi, car les créations et cessations d’entreprises avec un chiffre d’affaires important ou un emploi élevé sont très minoritaires (par exemple, moins de 1 % des créations et cessations économiques ont cinq salariés ou plus). D’autres indicateurs statistiques sont donc nécessaires pour suivre et comprendre la dynamique de l’emploi et de l’activité économique dans notre pays.

Pour en savoir plus

Crédits photo : ©FAMILY STOCK – stock.adobe.com

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